Présentation du numéro :
SOMMAIRE
Pages 4 et 5 : AVANT-PROPOS par Herbot – Van Gogh
Pages 6 et 7 : INITIATIVES – Les choix de Friture Mag
Pages 8 à11 : ACTU– BD Centre de rétention
Page 12 : ACTU – Portrait Thierry Colombié
Page 14 : ACTU – RSA en Ariège
Pages 14 et 15 : ACTU – RSA, un pas en avant, deux pas en Ariège…
DOSSIER LENTEUR : L’ÉTAT DES LIEUX
Pages 18 et 19 : L’ÉTAT DES LIEUX – Le travail à l’épreuve du temps
Pages 20 et 21 : GRAND ENTRETIEN – Pierre Rabhi
Pages 22 et 23 : L’ÉTAT DES LIEUX – Le temps judiciaire
Page 24 et 25 : L’ÉTAT DES LIEUX – La ville se transforme
Page 28 à 30 : L’ÉTAT DES LIEUX – La pendule au salon
Pages 32 et 33 : L’ÉTAT DES LIEUX – Les archipels de la décroissance
Pages 34 et 35 : Tribunes
DOSSIER : LES POSSIBLES
Pages 40 et 41 : LES POSSIBLES – Les villes lentes
Pages 42 et 43 : : LES POSSIBLES – Voyager autrement
Pages 44 et 45 : LES POSSIBLES – Sous les étoiles, exactement
Pages 46 et 47 : LES POSSIBLES – En bref
Pages 48 à 49 : LES POSSIBLES – Au rythme des pas
Pages 50 et 52 : LES POSSIBLES – Le chemin de Compostelle
Pages 52 à 55 : LES POSSIBLES – Cuisines d’été
Pages 56 et 57 : LES POSSIBLES – Le temps de l’écriture
Pages 58 et 59 : LES POSSIBLES – Paradis artificiels
Pages 62 et 63 : LES POSSIBLES – Retour à l’âge de bois
Pages 64 et 65 : LES POSSIBLES – Portraits de lenteurs
Pages 66 et 67 : LES POSSIBLES – Abécédaire de la lenteur
Pages 68 et 69 : Pages ouvertes
pages 70 et 71 : NOUVELLE – Cerveaux lents par Laurent Roustan
Pro-cras-ti-nons !
Dans un journal, cette rubrique se doit d’annoncer, de donner le ton, de vous mettre l’eau à la bouche des pages à lire et à feuilleter qui vont suivre. Faut un angle”coco”, appâter le lecteur, soigner sa ligne éditoriale… Mouais… Tous les “grands” éditorialistes y vont de leurs envolées lettrées, des leçons de morales aux citations expertes. Alors, comme le thème de ce numéro est celui de la lenteur, on remet à plus tard. Même si l’on aurait pu vous parler d’une époque qui crame les vies et le temps. De cette course folle à la performance, la productivité, au toujours “plus” vite, haut, loin, longtemps. De ces journées au pas de course pendant lesquelles il faut amener les gosses à l’école, prendre sa bagnole et fulminer de bon matin dans les embouteillages, écouter les dix premiers messages de la journée sur son portable, recharger ses batteries et celles de l’ordi, la tablette, l’”I”machin, le “E” bidule. Tous ces outils sensés nous faciliter la vie et la communication, mais qui ressemblent parfois à des appendices technos greffés à nos oreilles et nos mains de “speedés” contemporains. On aurait pu évoquer la consommation démentielle d’anxiolytiques et autres pilules bleues, qui nous font croire que tout va s’arranger, alors que la dépendance guette. On aurait pu disserter sur le temps de travail, le temps gagné, le temps perdu, le temps partiel, choisi, celui qui ne fait rien à l’affaire. On aurait pu évoquer cette civilisation “hors-sol” qui va bientôt se gaver aux OGM, bascule dans l’individualisme totalement assumé, se tape désormais de cette démocratie pourtant gagnée aux armes, de ces “héros” qui décollent vers Mars alors que les 2/3 de la planète crèvent de faim…
Mais non, on ne va pas tomber dans une “énième” analyse de cette société moderne qui semble perdre la boule, alors qu’elle n’a jamais eu autant de boussoles techniques pour l’orienter vers un wonderful world. On met sur pause, et on s’arrête.
Comme l’ami Pierre Rabhi, on s’assoit dans un champ, et on contemple un arbre, comme ça, gratuitement. A force de perdre son temps à essayer d’en gagner toujours plus, débranchons !
Pour l’édito, on verra plus tard, rien ne presse. Laissons la parole à Rabhi, Virilio, aux décroissants, aux défenseurs de la semaine de 32 h, aux constructeurs des “slow-cities”, aux savoureurs du “slow-food”, aux randonneurs, aux contempleurs… A toutes celles et ceux qui essaient de ralentir la ronde folle de notre horloge commune. A cette dame de 94 ans que nous avons rencontrée et qui, de cette pendule au salon qui lui dit “je t’attends”, se moque éperdument.
“A peine a-t-on le temps de vivre, qu’on se retrouve cendres et givre” disait le poète. Alors, asseyons-nous sur un rebord du monde, et regardons. Remettons tout à plus tard et procrastinons en bonne conscience !
D’ailleurs, comme nous l’annoncions dans un précédent numéro, la vie de Friture n’est pas un long fleuve tranquille et les difficultés pour survivre sont toujours d’actualité. Mais là aussi, on en parlera plus tard, peut-être à la rentrée. Si l’on est pas restés scotchés devant un paysage inconnu… ou si le banquier ne nous aura pas remis la pression tout l’été.
Parfois, il faut vraiment lâcher prise…
Philippe Gagnebet