En France, huit villages ont décidé d’arrêter de courir après la montre. Estampillées label “Cittaslow”, ces communes ont estimé qu’il fallait prendre le temps de mieux vivre et de promouvoir les valeurs humaines. Relax.
Ils portent l’emblème de l’escargot doré, mais il ne faut pas s’y fier, les villages Cittaslow ne font pas l’éloge de la lenteur, contrairement à ce qu’indique leur nom : “ville lente” en italo-britannique. Huit villes de France ont décidé simplement de prendre le temps de vivre et de le faire bien.
L’histoire a débuté en Italie, en 1999, lorsque le label Cittaslow –inspiré du mouvement “slowfood”- fut créé pour unir plusieurs villes ayant la même ambition : faire de leur communauté un lieu où il fait bon vivre. Aujourd’hui, 191 villes et villages dans 29 pays ont choisi le label.
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Mais être labellisé souffre quelques conditions. Tout d’abord, une ville doit remplir plus de 60 critères pour correspondre aux exigences du label. Des critères relatifs à l’environnement, aux infrastructures, à l’urbanisme, à l’hospitalité, à la sensibilisation de la population et à la mise en valeur des produits locaux.
La première ville à sauter le pas en France fut Segonzac (Charente), en mai 2010. Quelques mois plus tard, la ville de Labastide d’Armagnac, dans les Landes, a été labellisée, puis la ville de Mirande, dans le Gers, en 2013.
“Il fallait au moins trois villes pour lancer l’organisation française Cittaslow, nous voulions améliorer notre cadre de vie, alors nous nous sommes proposés”, nous a expliqué Christel San-Nicolas du cabinet du maire de Mirande. Depuis, les villes de Blanquefort, Créon, Valmondois, St Antonin-Noble-Val et Loix-en-Ré ont rejoint le réseau.
Labellisés Cittaslow, et après ?
“Vivre Cittaslow est surtout une philosophie de vie. De nos jours, tout va vite, on est pressés par tout, tout le temps. Ici, à Loix, on a décidé de faire autrement, de redonner une place aux interactions humaines, précise Séverine Drahonnet-Malichier, de l’office du tourisme de Loix, sur l’île de Ré. Le matin, par exemple, nous prenons le temps pour dire bonjour aux voisins, aux commerçants, aux amis. On partage des moments ensemble”.
Un aspect qui semble plus compliqué à réaliser dans les grandes communautés. C’est pourquoi le label ne peut être décerné à une ville de plus de 50 000 habitants. En effet, les grandes villes auraient beaucoup plus de mal à tenir le cahier des charges très strict et ses 70 recommandations. Parmi ces dernières, l’accès intégral aux handicapés, la solidarité intergénérationnelle, le développement des transports alternatifs et des énergies durables pour préserver l’environnement ou encore la sauvegarde du patrimoine bâti, des coutumes locales et des produits régionaux.
Se suffire à soi-même, à l’image de l’escargot
Lesdits produits régionaux sont aussi impactés par la vie façon Cittaslow. “A Mirande, nous avons plusieurs spécialités comme la vache mirandaise ou le cochon noir gascon. Il y a quelques années, ces races avaient presque disparues de chez nous. Depuis que nous sommes labellisés, nous avons progressivement abandonné les produits de la grande distribution pour nous concentrer sur nos propres ressources, précise avec fierté le cabinet du maire. On mange ce qui vient de chez nous, on prend le temps de faire pousser les potagers, d’élever nos bêtes. Comme l’escargot, nous pouvons nous suffire à nous même.”
Cependant, l’idée n’est pas de vivre en autarcie, au contraire. L’un des impératifs du Cittaslow est de présenter le meilleur accueil aux touristes.
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